L’ASC Biesheim n’a concédé qu’une défaite en six rencontres, depuis le début du championnat, et figure dans le quatuor de tête de sa poule. On peut dire que votre club s’est parfaitement adapté à la quatrième division, non ?
C’est sûr que nous aurions signé tout de suite pour avoir un tel nombre de points. Mais on est aussi un peu frustré, après avoir concédé une égalisation un peu bête (à la 90e minute) samedi contre Fleury (1-1). J’ai échangé avec le coach (Vincent Rychen) ce matin (ce dimanche) , comme à chaque lendemain de match. On aurait bien aimé faire une photo du classement avec notre équipe à la première place (Ndlr : en cas de victoire, l’ASCB aurait pris la tête de sa poule).
Mais le Petit Poucet Biesheim est bien là et nos joueurs prouvent qu’ils ont le niveau N2. On avance pas à pas, avec des objectifs concrets et l’envie de continuer notre marche en avant. Notre ambition est d’être performants tous les week-ends pour aller chercher le plus rapidement possible les 32 ou 33 points qui nous permettront d’éviter les cinq dernières places (synonymes de relégation).
À l’image de Reda Bellahcene (lire notre édition de vendredi) ou Anthony Decherf dernièrement, les joueurs louent votre engagement au sein du club, en tant que président, et l’ambiance familiale qui règne à Biesheim. Doit-on y voir la clé de votre réussite ?
Ce qui est sûr, c’est que ces quelques commentaires ne me laissent pas insensible. Depuis plusieurs années, on mise sur la convivialité et la bienveillance en partant du principe que si les gens se sentent bien, ils sortiront le bleu de chauffe pour nous aider à traverser plus facilement les périodes compliquées.
Quand je parle de projet club, ce ne sont pas des paroles en l’air. Cela inclut nos éducateurs, nos bénévoles et l’ensemble de nos licenciés, qui sont presque 400.
Aujourd’hui, des jeunes viennent encourager notre équipe et on les entend dans les tribunes. Il faut faire perdurer cet esprit, parce qu’on n’est ni Bourg-Péronnas, qui évoluait en Ligue 2 il n’y a pas si longtemps, ni Fleury, le Poulidor du N2, qui possède 1 400 licenciés, 3 millions d’euros de budget et une équipe féminine en première division.
D’ailleurs, quand le président de Fleury, Pascal Bovis, nous félicite pour notre accueil, nos installations et la qualité de notre jeu, ce sont des mots qu’on aime entendre car ils nous montrent que nous sommes sur la bonne voie.
Votre meilleure décision de président n’a-t-elle pas été de nommer Vincent Rychen au poste d’entraîneur en 2022 ?
Il est notre pierre angulaire sur le plan sportif. On est sur la même longueur d’onde et la communication entre lui et moi est très bonne. Si je devais résumer notre relation en quelques mots, je dirais osmose, entente, franchise, complicité et bien sûr travail.
Vincent est un coach qui demande à chacun d’être investi. Il a des choix à faire et tout le monde ne peut pas être content. Certains n’ont pas beaucoup de temps de jeu, d’autres évoluent en réserve. C’est comme ça dans tous les clubs.
Mais après un peu plus d’une saison de collaboration, je pense sincèrement que Biesheim a le meilleur staff d’Alsace, à l’exception de celui du Racing. Et pourtant, il y a de très bons entraîneurs dans la région…
Vous l’avez-vous-même signalé, votre club aurait pu devenir leader du championnat ce week-end. L’ASCB a-t-elle touché un plafond de verre, en se hissant en N2, ou pourrait-elle viser une montée en National à moyen terme ?
Honnêtement, je ne crois pas qu’on puisse rêver plus grand. Il faut rester vraiment lucide et terre-à-terre à ce sujet car il y a une réalité financière. Je sais qu’il existe d’autres exemples de villages qui ont atteint un niveau remarquable, avec des moyens pas énormes du tout, mais ce serait utopique de dire que nous voulons monter dans les deux ou trois ans. Ce n’est pas un manque d’ambition et je tiendrai peut-être un autre discours dans six mois… Mais pour l’heure, je préfère garder le bon sens paysan.
Aujourd’hui, Biesheim s’appuie sur un budget d’un gros million d’euros, grâce au fort soutien de la municipalité et des partenaires. On parle de notre village grâce au foot, on prend du plaisir à regarder les matches et c’est déjà très bien.
Après, peut-être que j’aurai un jour la volonté d’être à la tête d’un club de National et que ce sera ailleurs qu’à Biesheim… On n’est tous que de passage. Tout ce que je sais, c’est qu’à 50 ans, j’ai encore envie d’assouvir ma passion pour le football. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis devenu investisseur du FC Sochaux cet été, même si je suis un jeune président et que je continue à apprendre tous les jours.
Comment cette idée vous est-elle venue ?
J’étais déjà partenaire il y a onze ou douze ans. Je suis Alsacien, mais on n’est qu’à une heure de Sochaux et à une époque, j’allais plus souvent voir les matches de Ligue 1 au stade Bonal que ceux du Racing. Ce club m’a toujours plu. Hier soir encore (samedi en National face à Avranches) , il a été encouragé par 10 000 spectateurs. C’est un dinosaure du foot français, qui fêtera ses 100 ans en 2028, et l’ambiance est très familiale dans les tribunes.
Voilà pourquoi j’ai voulu aider en rejoignant le groupe de 40 actionnaires qui ont sauvé le FC Sochaux, aux côtés de Jean-Claude Plessis et Pierre Wantiez. On ne pouvait pas laisser mourir ce club. On s’est tous un peu bougé, sinon, c’était le dépôt de bilan.
Vos liens avec le FC Sochaux peuvent-ils bénéficier à l’ASC Biesheim ?
Ce que je peux dire, c’est que nos éducateurs de jeunes vont pouvoir échanger avec ceux de Sochaux, qui deviendra bientôt notre club partenaire. Biesheim n’a jamais noué de partenariat avec une structure professionnelle. On va donc profiter de l’occasion.
Vincent SCHMITT